Logiciel libre et auto hébergement, quid de la masse populaire?

Un utilisateur de Facebook rapporte 80$ de revenus publicitaires par an à Facebook. C’est une moyenne. Un utilisateur très assidu en rapporte plus.

In fine, Facebook dégage un bénéfice net de 10 milliards de dollars par an, principalement issu des revenus publicitaires.

Le prix à payer pour le service est :

  • accepter les messages publicitaires (comme sur TF1 ou la plupart des magazines papier en kiosque)
  • le profilage de son comportement à tout fin future
  • la censure selon les règles de Mark Zuckenberg (pas de nudité, etc…)
  • l’espionnage d’Etat, en premier lieu des USA.

Si l’on considère ces points comme non problématiques, alors les services proposés par Facebook (Facebook, Instagram, WhatsApp) sont très pratiques.

Il permettent de tisser des liens et accéder à des informations à une échelle et vitesse sans précédent pour le plus grand nombre et. Certes le web permet de communiquer à l’échelle de la planète depuis longtemps, mais la plupart des gens ne peuvent apprendre le HTML, comprendre le fonctionnement d’un serveur dans un réseau, payer un nom de domaine ou ne serait ce que le matériel nécessaire à un hébergement.

J’adore le logiciel libre notamment car il permet de voir et s’approprier comment fonctionne réellement un ordinateur mais la plupart des gens ne comprennent même pas ce qu’il y a derrière le mot « cloud ». Le « nuage » de fumée est un concept qui leur est suffisant pour utiliser le service.

Il y a donc là un dilemme. Si les alternatives libres à Facebook sont plus contraignantes à l’utilisation que Facebook, il est peu probable que la majorité des gens y migrent. Tout simplement car ils n’en comprennent pas l’enjeu et donc l’intérêt.

Leurs besoin sont instinctifs ou basiques : envoyer une vidéo rigolote, partager facilement des infos publiques, voir des images de mode vestimentaire, etc… et ils n’ont rien de sérieux à cacher. Snowden a tout dit et presque rien n’a bougé.

Dans ce contexte, quel est l’objectif du logiciel libre pour la masse des individus ?

Sa forme actuelle présuppose que l’utilisateur est éclairé, ne serait ce que pour décider quel moyen technique de communication utiliser (XMPP, email, Diaspora, GNUsocial, Movim, WebRTC, etc…) et maintenir lui même son ordinateur (comprendre APT/RPM est plus complexe qu’utiliser un app store de Google/Apple/Microsoft) et donc un utilisateur non éclairé ne peut pas s’en sortir seul.

Une faible partie de la population est actuellement prête à faire l’effort d’apprentissage (dénombrez parmi vous les utilisateurs éclairés de logiciels libres qui ne travaillent pas dans l’informatique) et l’usage d’un logiciel libre par un utilisateur non éclairé est similaire à l’utilisation d’un logiciel propriétaire (il ne peut rien modifier, est tributaire des conditions d’un prestataire pour toute modification ou administration de son informatique).

Tout le monde n’est pas programmeur comme Stallmann.

A mon avis, le libre ne s’imposera que si Facebook abuse de son monopole et devient un problème pour l’écosystème au dessus de lui (annonceurs, services de paiement, éditeurs de contenus, etc…). A ce moment, certains acteurs pourraient se regrouper pour imposer une base logicielle plus propice à la « libre » concurrence et fabriquée à partir de logiciels/protocoles libres et interopérables.

De la même manière, Steam a posé un pied dans l’environnement Linux, mais les utilisateurs ne bougeront pas à moins que les performances Linux dépassent celles de Windows ou que Microsoft gère mal sa cannibalisation du marché avec son magasin d’application intégré à Windows 10. Mais bon, Steam, c’est le mal, puisque pour le coup, c’est un système de DRM pour logiciels non libres.

6 réactions sur “ Logiciel libre et auto hébergement, quid de la masse populaire? ”

  1. genma

    > A ce moment, certains acteurs pourraient se regrouper pour imposer une base logicielle plus propice à la « libre » concurrence et fabriquée à partir de logiciels/protocoles libres et interopérables.

    C’est déjà le cas et c’est https://chatons.org/ CHATONS, l’AMAP de l’informatique :)

  2. Arnaud

    Petite piqûre de rappel :

    Google et facebook utilisent et produisent du libre à tour de bras, et leurs infrastructures utilisent plus de libre que de privateur !

    Utiliser un logiciel libre ne stoppe en rien l’espionnage et la censure…

  3. Poueeeet

    Hello,

    «maintenir lui même son ordinateur (comprendre APT/RPM est plus complexe qu’utiliser un app store de Google/Apple/Microsoft) et donc un utilisateur non éclairé ne peut pas s’en sortir seul»
    Pas besoin de comprendre quoi que ce soit à ces binaires ou aux dépendances et de connaître toutes les options pour répéter régulièrement les même commandes de mise à jour paquets/système. Après tout, les IHM comme synaptic sont là pour ça : noyer l’utilisateur dans un choix pas possible d’applications qui ne lui sont pas forcément utiles, tout comme n’importe quel bidule-store.

    «A mon avis, le libre ne s’imposera que si Facebook»
    Navré pour nous, mais le libre ne cherche pas à s’imposer et s’il n’est tributaire que de Facebook, la communauté, voire le monde, est arrivée bien bas. :-)

  4. -Fred-

    Je reste persuadé qu’on ne cherche à résoudre un problème que lorsque l’on en a conscience. Sauf qu’aujourd’hui, les divers problèmes que tu cites apparaissent progressivement. Il n’y a jamais de vraie rupture franche à même de provoquer une baisse d’audience de ces services en ligne. Avec le temps, tous les points problématiques finissent par être acceptés de sorte qu’il n’apparaissent plus comme véritablement gênants.

    Par contre, quand on avance l’option des solutions libres, là il y a une vraie rupture. Ce n’est pas tant un problème technique qu’un problème lié à la conduite du changement et à toutes les incertitudes que ça génère.

  5. Guillotin

    Ne pas oublier que ces entreprises sont puissantes car elles ne paient pas d’impôt. Ce sont des entreprises à abattre au même titre que nos hommes poiltiques complices et corrompus. Toute autre analyse n’est que discours.

  6. -Fred-

    La puissance de ces entreprises se mesure plutôt au nombre d’utilisateurs qu’elles tiennent et à la quantité de données qu’elles réussissent à capter. C’est ce matériau de base qui leur permet ensuite de créer leur richesse, plus que l’optimisation fiscale (quel beau terme) qui vient ensuite.

    Après, pour le discours sur les politiques tous pourris, je ne pense pas que ce soit le sujet.

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