Mandriva (a)Live

On ne peut pas appliquer les recettes commerciales du logiciel propriétaire sur le logiciel libre. La valeur du produit fini n’est plus la même. N’importe qui peut en proposer une copie, même améliorée. Il faut donc trouver une autre moyen de faire de l’argent sur le développement de logiciel autre que la vente de licences.

La publicité

C’est le moyen le plus utilisé sur le web concernant les services gratuits. Pour ma part, je pense que ça ne colle pas très bien avec le logiciel libre. Pourquoi? Le logiciel libre est gratuit. La publicité renvoie vers un produit payant (sinon qui paierait la pub?). La publicité est en relation avec le profil de l’utilisateur de logiciel libre. Bilan, la publicité veut, le plus souvent, inciter à acheter un produit payant directement concurrent du logiciel libre et gratuit. Cherchez l’erreur. Ainsi, sur la page de 7zip sur Framasoft, on voit des pubs pour Winzip, sur Jamendo (site de musique libre) des pubs pour des artistes de majors, sur Mandriva (système sans virus connu) des pubs pour un antivirus payant. Il y a quelque chose de contraire à l’éthique même du produit dans ces publicités. Elles ne sont pas compatibles.

Trouver des annonceurs en adéquation avec l’éthique du libre me semble donc indispensable dans le cas de l’usage de la publicité. Par exemple, des constructeurs de machines sous linux, des services tiers n’ayant pas de concurrence directe avec la distrib. Les entreprises faisant de l’argent sur le libre et ayant un budget pub important sont encore rares. C’est donc une solution difficile à mettre en oeuvre actuellement.

Les services

Une autre option qui a ma faveur, est le déploiement de services intégrés payants. Ces services se basent sur un coût tangible et incompressible. Quelque chose qu’on ne peut pas copier pour une bouchée de pain. Il faut aussi que ce soit très lié au produit libre qui sert en fait de produit d’appel gratuit. Ainsi, tous les logiciels libres sont à égalités. Ceux suivi par une entreprise commerciale, ceux supportés par une communautés ou même subventionnés par un milliardaire. L’offre du gratuit est claire, définie, comparable en tous points.

La différence se fait alors sur les services qu’on peut y lier. Prenons l’exemple de Mandriva. Sa cible de marché semble être le grand public (Vous savez, ceux qui pestent contre Windows mais n’ont pas d’alternative à leur portée). Il faut donc apporter des services adaptés à leur besoins:

• Partager ses photos : une galerie en ligne par glisser/déposer. Mettre en ligne ses vidéos.
• Discuter avec ses amis : un compte SIP et Jabber préréglé, avec passerelle MSN.
• Correspondre par mail : un compte mail/calendrier évolué préréglé dans les applis mail, synchronisé sur le web, synchronisable entre plusieurs PC sous la même distribution, indépendant du fournisseur d’accès.
• Exercer sa voix populi : un blog prêt à l’emploi, disponible sans rechercher « c’est quoi un blog?, quelle plateforme choisir? » sur le web.

Ca ne vous fait penser à rien? Ça correspond peu ou prou à Windows Live ou aux services Google.

Mais ces services sont gratuits ! me direz-vous. N’importe qui peut les intégrer dans un distribution dérivée! Oui, mais vous êtes un société commerciale. Vous faites de l’argent sur ce produit, donc vous avez des raisons de le vendre, de le mettre en tête de gondole, de le déployer massivement à vos frais, d’en faire la publicité, etc… Toutes les raisons qui font qu’un logiciel payant est connu et acheté alors que l’équivalent libre et gratuit reste sur un site web restreint à un public déja averti.

Le fanboy

Qu’est ce qui fait vendre des chaussettes pour Ipod, des chaussures à 100€ fabrique 1€78c en chine? L’amour, la passion, le hype autour de la marque, du produit. Bref, ce qui fait vivre encore et toujours le club Mandriva.

Quand le produit est bon, porte une âme, un message, le fanboy apparaît forcément. C’est un fervent supporter, un contributeur régulier. Quelqu’un qui donne beaucoup. Donner, c’est d’ailleurs ce qu’il attend. Il veut donner de son temps, de son argent, de ce qu’il est possible de faire pour servir ce qu’il vénère.

Dès lors, proposer des choses payantes au fanboy n’est pas une option, c’est une nécessité à son équilibre vital. N’avez vous pas remarqué comment on peut devenir fanboy d’un logiciel libre et pas du tout d’un produit fini comme le logiciel propriétaire? Le logiciel libre est une aubaine pour le développement du fanboy, il faut en profiter. Mais attention, fanboy ne veut pas dire tirelire. Le fanboy veut qu’on l’aime, qu’on le chouchoute, avoir de l’aura. Il faut donc proposer des services et produits en rapport avec ses besoins. Autrement dit, c’est simple, il n’y a qu’à l’écouter :)

Billet inspiré du blog d’ Olivier Faurax