L’HADOPI et après…

Les forces en jeu :

  • Les artistes : La majorité d’entre eux ne gagnent pas le SMIC. Une quarantaine d’artistes surmédiatisés trustent les filières de revenus de la culture.
  • Les maisons de disque : Conscientes que le CD est obsolete (ca rentre difficilement dans un Ipod….) et qu’ils doivent se convertir à l’Internet, ils se rendent compte trop tard que les internautes se sont organisés (p2p) comme fournisseur de contenu culturel à leur place. Pour retrouver leur monopole, ils doivent rendre le partage de produits culturels illégal. C’est donc uniquement la question du pognon qui les préoccupe.
  • l’Etat : Voudrait bien contrôler les échanges personnels des citoyens « libres » qui ne sont pas soumis par le rouleau compresseur des médias (TV, journaux, radio qui sont tous semblables dans le choix des sujets et dans leur traitement proche du copier-collé du communiqué de presse). L’Etat a aussi besoin de sous.
  • Les « pirates » : Téléchargeurs de médias (vidéo, audio essentiellement) gratuitement. Ils n’ont pas envie de revenir à l’époque où son budget ne permettait de ne pouvoir écouter que quelques CDs.
  • les fournisseurs d’accès (FAI) : Ils se verraient bien en fournisseur de contenu principal (web, telephone, tv, musique, films, etc…) Leur place dans la chaine d’accès aux oeuvres les met en position privilégiée pour récolter l’ensemble des revenus de l’accès au contenu.
  • Google : Son but est d’augmenter toujours son public. Chercher dans Google, lire les news sur Google news, lire se mails sur Google news, regarder les vidéos sur Google vidéo (Youtube). Plus Google est indispensable, plus il peut vendre de « temps de cerveau disponible » parce qu’il vous capture sur ses sites.
  • Les internautes : Utilisateurs du web, mail, skype, etc… pour le boulot ou utilisation légale à titre personnel. Internet permet un énorme gain de productivité. Ils sont méfiants des effets de bords que peut créer la loi HADOPI.
  • La musique libre : Elle a du mal à décoller car la musique des maisons de disque est gratuite, bénéficie d’une plus grande couverture médiatique et attire les artistes les plus désireux de vivre de leur activité dans leur cercle économique.

Si l’HADOPI passe :

  • Les artistes : La situation est inchangée. La publicité est focalisée sur quelques « noms » (Star Academie) qui attirent les acheteurs. Toujours aussi dépendants des maisons de disque ils gagnent 4c sur un morceau vendu 1€ dans les magasins « officiels » de la culture imposés.
  • Les maisons de disque : Retrouvant leur monopole, ils conservent leur marges…. ou pas. Face aux contraintes trop lourdes de l’accès à la culture par les sites officiels (prix exhorbitant, DRMs, catalogue réduit, procédure d’achat compliquée…) de nouveaux moyens d’accès aux oeuvres plus faciles d’accès (streaming, p2p sécurisé…) sont développés par les « pirates » et la débacle du chiffre d’affaire des ventes d’oeuvre en ligne continue.
  • l’Etat : On ne peut pas savoir si le contenu des échanges est illégal ou non sans prendre connaissance des échanges personels. Cela veut dire que l’état vient de mettre en place l’écoute généralisée de tous ses citoyens. Avec la possibilité de couper le sifflet. Comme la preuve de culpabilité par IP n’est pas fiable et que les « pirates » contournent l’HADOPI par des communications chiffrées, l’Etat sort une autre loi qui va fliquer les citoyens de plus près (logiciel mouchard sur la box internet, interdiction du chiffrage, etc…). La loi est aussi étendue à d’autres types d’infraction (censure des manuels de fabrication de bombes, d’incitation à la haine manifestation, etc…). De plus le système d’écoute généralisé permet de détecter plus facilement les citoyens « indésirables » pour le gouvernement.
  • Les « pirates » : Ils font ce qu’ils veulent impunément en utilisant un tunnel chiffré vers un proxy à l’étranger, s’échangent des fichiers par des réseaux p2p anonymes et chiffrés, regardent les vidéos en streaming à l’étranger sur des sites biens plus attrayants que les sites de vente officiels. Au pire, quelques « pirates » serviront de fournisseur de contenu sur clé USB dans les cours d’écoles comme à l’époque des premiers graveurs de CDs.
  • les fournisseurs d’accès (FAI) : Leur portails de vente de produits culturel obtient un certain succès car simple d’accès (interface accessible depuis la TV, prélèvement sur la facture ADSL). Ils sont en négociation serrée avec les maisons de disque qui ne veulent pas se laisser piquer leur place de fournisseur exclusif du contenu. Ils rentabilisent ainsi les investissements de la fibre optique en vendant beaucoup plus de contenu que le simple web.
  • Google : Les vidéos, journaux, livres soumis à copyright sont disponibles sur les sites de Google. Google gagne de l’argent en affichant de la publicité en marge du contenu. Les maisons de disques sont encore menacées sur leur monopole de fournisseur de contenu. Malheureusement, on ne peut pas bannir Google du web français sans faire effondrer un pan de la économie. Les maisons de disques sont donc contraintes se contenter d’une part des revenus publicitaires de Google.
  • Les internautes : Des internautes sont inculpés par l’HADOPI et doivent se démêler avec la justice pour que leur outil indispensable de travail ne soit coupé. Pour éviter de tels déboires, ils acceptent de poser un mouchard sur leur connexion les assurant de ne pas être déconnectés. Les accès wifi ne permettent plus que de consulter quelques sites triés par une liste blanche. Cela crée une inégalité gigagntesque entre les sites présents dans cette liste qui concentrent les visites des internautes nomades. D’autre part, le web ne saurait se limiter au minitel et Internet perd alors de sa puissance d’échange et le commerce des entreprises français en patit sérieusement. Ah, et tous les internautes devront payer le coût du filtrage d’Internet.
  • La musique libre : Elle se développe comme alternative gratuite (mais pas forcément non rentable cf Google) et légale aux musiques des majors. C’est un des moyens de publicité utilisé par les artistes laissés à la marge des maisons de disque.

Si l’HADOPI ne passe pas, on reste à l’état actuel pour un temps en attendant une véritable réflexion sur le sens du « copyright » à l’ère du numérique pour les oeuvres de l’esprit. Je pense en effet qu’il est dans l’ère du temps de rendre libre le partage de toutes les oeuvres numériques au même titre que le sont les idées.

Il faut aussi désarmorcer des mensonges de la ministre sur la loi actuelle (DADVSI) :

  • Lorsque la ministre parle de 3ans de prison et 300’000 € d’amende il s’agit de peines maximum. Ce n’est pas une peine automatique contrairement à l’HADOPI. Les citoyens sont jugés par un tribunal de juges qui définit une peine adaptée. Je voudrais bien voir ses exemples de simple citoyen téléchargeur condammé à 3ans de prison parce qu’il aurait téléchargé Bambi sur Emule.
  • La loi Création et Internet (ou HADOPI) n’abroge pas la DADVSI. Les auteurs de logiciels qui permettent de contourner les systèmes de DRMs sont toujours soumis aux plus lourdes sanctions alors mêmes que la pluparts des sites vendant des DRMs sont morts et que les gens cherchent un moyen de conserver la musique qu’ils ont acheté.

1 réaction sur “ L’HADOPI et après… ”

  1. NeoSting

    Très sympa ton résumé. La reprise des débats, c’est pour lundi 30 mars 16h à l’AN, normalement, avec un amendement proposant une amende plutôt que la coupure. Comme le parlement européen n’est pas d’accord avec cette coupure, Albanel devra réfléchir sérieusement à cette proposition.

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