Le web 2.0 expliqué par Laurent Chemla

J’adore ce la vision d’internet qu’à ce type. Exemple sur Facebook :

Et hop: le web 2.0.

Ah, les plate-formes de blogs: « tu écris, je publie, je te paie pas, et je gagne du fric en vendant des espaces publicitaires qui seront vus par les gens attirés par ton talent ».  Ce modèle là a essaimé depuis sous le doux nom de journalisme participatif, à la Huffington post, mais il est aussi à la base de trucs comme Megaupload (vous rippez, je touche le blé), Youtube/Dailymotion (vous filmez, je touche le blé), les exemples sont innombrables.

Tous les ayant-droits qui couinent sur la disparition du droit d’auteur sont restés bloqués sur l’ancien modèle, mais nous, le reste du monde, on vit tous les jours avec ça: nos oeuvres à nous sont monétisées par nos éditeurs 2.0 qui se sucrent avec sans jamais rien nous reverser. On a pris l’habitude et allez donc expliquer à un gamin que ce qu’il crée lui doit rapporter du fric à Blogger.com, mais qu’il doit payer pour voir les créations des artistes officiels. C’est avec le Web 2.0 que le droit d’auteur est mort dans l’esprit des gens, pas avec le piratage.

Reste que, quoi qu’on en dise, le gâteau de la publicité en ligne est limité. Du coup certains se sont demandé comment monétiser encore mieux le travail des autres (mais toujours sans les payer). Et voilà l’arrivée des médias sociaux.

Ben oui: si la publicité rapporte, mais que le gâteau est limité, alors les données qui permettent aux régies de mieux cibler leurs annonces valent de l’or. Donnez-moi vos informations personnelles, les gars, et en échange, je vais vous permettre de bosser gratuitement pour moi.

Ah, Facebook. A ce jour (à ma connaissance) ce sont les plus grands voleurs du monde. Ils vous ont déjà volé quatre fois, et vous continuez d’en redemander.

Quelle classe.

Ils vous ont volé une première fois en publiant (sans vous payer) vos journaux intimes selon le bon vieux modèle de la publicité en ligne qu’on vient de décrire.

Puis ils vous ont volé une 2ème fois, en vendant à leurs annonceurs les informations privées liées à vos comptes (pour que les seconds puissent mieux vous cibler tandis que le 1er pouvait augmenter ses tarifs de pub).

Là ça devenait de l’art: je vous fais bosser pour moi, vous attirez le public en écrivant, vous me payez avec vos données privées que je revends à mes clients qui, eux, paient pour afficher de la publicité sur vos écrans (eh oui: les clients de Facebook ce sont les régies publicitaires, pas ses utilisateurs. Les utilisateurs de Facebook ne sont pas ses clients, ils sont ses petites-mains).

Mais attendez c’est pas fini.

Ils vous ont volé une 3ème fois en vous proposant de payer, en vrai argent cette fois, pour que vos oeuvres soient mises en valeur sur les écrans de vos potes. Non seulement vous payez en regardant la pub des clients, non seulement vous payez en donnant vos informations privées, mais désormais vous payez aussi pour que votre boulot attire encore plus de monde chez Facebook.

Du grand art, je vous dis.

Et là, enfin, l’apothéose: l’entrée en bourse. Alors là, chapeau bas, moi je dis « Mossieur ». « Eh les gars, on vous a volé 3 fois déjà, ça prouve quand même un peu notre talent, alors si vous voulez vous pouvez nous acheter un petit bout de ce talent en devenant actionnaire ».

Tu peux te dire « non mais quand même, c’est trop gros, personne ne va aller payer si cher pour acheter des actions d’une boite dont l’unique valeur est basée sur les contenus mis en ligne par des tiers ». Eh ben si. Et pas qu’un peu.

Et comme un bon voleur, Facebook n’a pas mis en vente ses actions au prix du marché. Ben non on l’a bien vu: dès que les actions ont été disponibles, le marché a dit « elles étaient trop chères » et leur prix a baissé de 20%. Mais ce n’est pas Facebook qui y a perdu, ce sont les 1ers acheteurs. Facebook, lui, il a vendu ses actions au prix qu’il en voulait.

Se faire voler 4 fois par le même voleur. Ce sera difficile de faire mieux.

Le reste de l’interview est sur Reflets.info. Allez lire aussi  Internet n’est pas contrôlable et « Confessions d’un voleur »

 

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