J’étais hier à la conférence sur la liberté de la presse initiée par Mediapart et qui se déroulait au théatre du châtelet. A mon sens, la presse française aujourd’hui souffre de 3 maux:
– la mauvaise presse : Afin de réduire les coûts et se faciliter la tâche, les journaux ont depuis déja plusieurs années adopté des méthodes de travail qui les dévalorisent. Ils suivent l’agenda présidentiel, recopient les comuniqués de presse, titrent sur les faits divers. Or pour réussir cela, il est plus facile d’être dans les petits papiers du gouvernement. A ce jeu, les journaux publicitaires y gagnent car le lecteur ne comprend plus la différence de rédaction. Cela a fortement contribué à décridibiliser la presse institutionnelle.
– les journaux publicitaires, souvent nommés « journaux gratuits » car le lecteur n’a rien à débourser pour les lire (Métro, Direct Matin, A nous Paris…). Il s’agit de journaux dont la rédaction est faite essentiellement par des organes de publicité. Ces journaux ont compris que la rentabilité d’un journal ne passait pas forcément par l’investissement réfléchi des lecteurs. La forme de « journal d’information » n’est que le faire valoir de la communication des groupes industriels et politiques.
– Internet : L’arrivée des blogs ou du journalisme citoyen qui s’affranchit des coûts de diffusion a donné la voix à un paysage rédactionnel beaucoup plus varié que les quelques « journaux indépendants » disponible en version papier. Pour faire du copier-coller, les sites d’informations sont beaucoup plus efficaces et réactifs que les journaux papiers. Google News par exemple recopie les articles publiés (donc en principe en accès public) sur les sies des rédactions. Un financement par la publicité à la page vue sert à assurer le faible cout de production de ces sites.
Il y a une vérité sous jacente que je reprendrais à Coluche. « Les gens de cherchent pas du travail, de l’argent leur suffirait ! ». Les groupes financiers dirigeant les journaux ne cherchent la beauté du travail journalistique. Ils utilisent leurs journaux comme pouvoir sur l’opinion publique tout en ne voulant pas perdre trop d’argent. Aussi, on comprend pourquoi tant de groupes de presse sont d’accord pour recevoir des subventions du gouvernement pour fonctionner. La TV est devenue un organe de propagande du gouvernement et voici que la presse papier rampe à ses pieds pour le devenir elle aussi ! Comment être indépendant si lorsque vous refusez les doléances de la communication du gouvernement, vous risquez de perdre l’argent nécessaire au fonctionnement de votre entreprise? De plus les gros groupes de presse seraient trop content de pouvoir rendre la presse papier non-rentabme sans subventions afin d’écarter la montée de petits journaux concurrents.
Arrivé au théatre, il n’est donc à priori pas si illogique de voir que seuls quelques journaux militent pour une liberté de la presse et que les autres se contenteraient très bien d’un marchandage viabilité financière contre un devoir permanent de soumission à sa majesté (et puis si la majesté est, de plus, un ami pourquoi refuser?).
Personnellement je ne vois pas de solution à la presse indépendante aujourd’hui sans un sursaut démocratique des citoyens qui fait que l’on finance le Canard Enchainé, que l’on finance Wikipédia, que l’on finance LaTeleLibre.fr, de même que l’on finance (par du temps et/ou de l’argent) les Logiciels libres. La redevance pour la TV publique (maintenant organe de propagande de Sarkozy) est de 120 €. J’ai décidé pour ma part de supprimer la TV et d’investir ce motnant dans des médias citoyens.
Je n’attend rien des retournements de veste de grands journaux qui défendent leur pré carré et leur salaires avant tout. Il est assez comique de voir d’ailleurs parmi les militants de cette presse libre, Denis Olivennes, sous la casquette de directeur de rédaction du Nouvel Obs. Parti avec 3,2 millions d’€ de Canal+, ancien pdg de la Fnac, c’est quand même lui qui a pondu un rapport sur la protection des oeuvre culturelles sur Internet qui préconise de filtrer Internet pour en controler la diffusion. Rapport qui sert de base aujourd’hui au gouvernement pour instaurer la loi Hadopi. Interdiction de se connecter à Internet, filtrage des protocoles, sanctions basées sur l’IP… Tout n’est que recopiage du rapport Olivennes. Que ce monsieur vienne au micro parler de l’indépendance de la presse alors qu’il met en place des outils qui vont permettre de censurer les diffuseurs d’informations qui déplaisent au gouvernement et d’espionner et ficher les activités de tous les citoyens…