Slidge : une passerelle Jabber <-> WhatsApp & co

Jabber

J’utilise Jabber abondamment. Je trouve son écosystème sain. Un protocole (XMPP), des extensions, des serveurs, des clients.

Prosody est un serveur facile à héberger.

Sur le bureau Linux, Dino est un client super simple d’utilisation, qui comprend la visioconférence.


Sous Android, Conversations est aussi un super logiciel, avec visioconférence.

Le chiffrement de bout en bout est optionnel et fonctionnel.

Tout ce petit monde se comprend, on peut discuter entre comptes sur différents serveurs et on a le choix de tout. On peut même utiliser un client en Python pour s’amuser avec de l’automatisation.

Tout pour plaire selon moi pour des conversations privées.

WhatsApp

Malheureusement, et c’est récurrent, il y a toujours un connard qui s’est mis comme objectif dans la vie vouloir capturer les utilisateurs dans sa bulle pour la monétiser avec de la pub ou autre, et c’est WhatsApp de Facebook qui tient le pompon en ce moment pour la messagerie en Europe (avant lui c’était WindowsLiveMessenger de Microsoft, avant lui AIM de AOL, etc…)

Ça se fait par un marketing prononcé. Une entrée simple, un service fonctionnel sans effort. C’est ce que donne WhatsApp.

La profondeur de la réflexion d’un humain né au XXe siècle du modèle économique de WhatsApp est à peu près similaire à celle d’un enfant lorsqu’il reçoit un bonbon d’un inconnu.

La comble étant que WhatsApp est basé sur XMPP techniquement…

Le problème

C’est difficile de convaincre des gens d’installer une application de plus sur leur smartphone et de s’inscrire à un serveur Jabber pour vous. C’est étrange quand on regarde le nombre d’applications qu’ils ont mais comme ça. Peut être qu’on n’est pas si importants pour eux dans ce cas ?

D’un autre coté, installer WhatsApp sur son smartphone c’est installer une app qui a bien trop de capacités de nuisance. Premièrement car elle ne fonctionne que si on lui donne tout son carnet d’adresses… puis il faut lui donner accès aux photos, etc…

Le compromis qu’on peut avoir et qui ressemblerait à celui d’un WhatsApp fédéré sur Jabber serait une passerelle XMPP<->WhatsApp. Bien sur, cela n’empêche pas WhatsApp de :

  • récupérer votre graphe social, qu’il a déjà reconstruit en recoupant l’apparition de votre numéro de téléphone dans les carnets d’adresses de ses utilisateurs.
  • déchiffrer les messages le jour où il a envie étant donné qu’il a tout pouvoir sur l’application
  • vous bannir du réseau si sa tête ne vous plaît pas.

Slidge : la passerelle XMPP<->WhatsApp

Slidge, est un programme écrit par Nicoco qui s’interface avec un serveur XMPP (Prosody, ejabberd) en tant que composant.

Il a différents plugins pour WhatsApp, Telegram, FacebookMessenger, Discord, etc…

Comment ca marche?

L’idée de connexion est la suivante:

Client XMPP <-> serveur XMPP <-> programme slidge avec plugin WhatsApp <-> WhatsApp

Slidge va se connecter auprès de WhatsApp en se faisant passer pour le client web officiel. Il a besoin de votre compte WhatsApp pour cela. Puis il va relayer les messages sur WhatsApp vers le serveur XMPP. Les messages de vos amis sur WhatsApp proviendront numerodetelephonedevotreami@whatsapp.serveurxmpp.com
A l’inverse, depuis votre client XMPP, il suffit d’envoyer un message à numerodetelephonedevotreami@whatsapp.serveurxmpp.com pour que le message soit passé à la passerelle Slidge qui va relayer le message à WhatsApp.

Il faut donc en tant qu’utilisateur:

  • un compte whatsapp. Il faut installer l’app une fois quelques part pour ca, et pouvoir recevoir un SMS sur le numéro inscrit (pas besoin de donner accès aux SMS à l’app pour ca)
  • associer le client « slidge » au compte WhatsApp. Il faut pouvoir scanner un QR code avec l’app WhatsApp pour ca.

Pour associer le client « slidge » au compte WhatsApp. J’ai utilisé Gajim. Allez dans le menu « comptes », « découvrir les services », sélectionnez la passerelle WhatsApp puis cliquer sur souscrire.

Vous allez recevoir un QR code sur votre client XMPP, scanner le QR code par l’application WhatsApp. Voila, vos comptes sont associés.

Conclusion

Il « y a moyen » aujourd’hui pour les geeks de s’interfacer avec les autres réseaux.

Ce n’est pas nouveau. C’est une expérience qu’on a déjà eue avec d’autres programmes de passerelle XMPP au milieu des années 2000 avec AIM & WindowsLiveMessenger, ~2010 avec FacebookMessenger, ~2010 avec Gtalk… Jusqu’à ce que les propriétaires de ces réseaux coupent l’accès aux clients tiers.

Le problème reste le même. Le degré de rétention des réseaux est fort et aucune volonté d’ouverture/interopérabilité, sauf imposée ne sera faite. En effet, cela nuit à leur monétisation.
Quand bien même, les serveurs exploitent les données dont ils ont connaissance (cf Gmail sur les emails recus et envoyés), le graphe social et le degré d’interaction restent des données, même si chiffrement de bout en bout du contenu.

Le seul intérêt que je vois aux passerelles c’est de pouvoir faire du prosélytisme sur les autres réseaux de communication. Du « aller vers » mais qui doit être temporaire. C’est là toute la difficulté de l’opération.

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